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Kirtan et Bhakti yoga

Ces chants dévotionnels en sanskrit peuvent durer au moins deux heures et ont une très forte dimension spirituelle.

Kirtan et Bhakti yoga

Kirtan, dans la profondeur du chant

Il faut bien contextualiser le chant par le Kirtan et sa pratique profondément inspirante dans la tradition sikh et hindouiste puisqu’ils sont dédiés aux principes divins. En sanskrit, les kirtans sont des chants de dévotion qui se pratiquent en groupe. En théorie un chanteur principal lance un chant ou un mantra chanté auquel répond en choeur un groupe d’autres chanteurs.

Ces chants dévotionnels en sanskrit peuvent durer au moins deux heures et ont une très forte dimension spirituelle. Ils sont d’ailleurs fréquemment associés au Bhakti yoga, le yoga de la dévotion, une pratique traditionnelle et très spirituelle du yoga.

Nés il y a 2500 ans en Inde, les kirtans permettent aux yogi d’entrer en communion avec Dieu en chantant les noms du Divin, et en premier lieux les Dieux et Déesses hindou(e)s tels que Shiva, Krishna, Ganesha, Rama

L’alphabet du sanskrit ayant une forte composante énergétique et vibratoire, les chants créent une vibration puissante dans le corps qui a pour effet de dénouer les tensions indésirables et de générer un véritable sentiment de liberté intérieure. La structure phonique du sanskrit contient des énergies mystiques subtiles qui entrent en correspondance avec les canaux énergétiques subtils, les Nadis dont nous avions parlé dans notre article sur le yoga du son. Les chants ou les mantras chantés entrainent la vibration de ces canaux ainsi que celle de nos cellules en en favorisant le fonctionnement.

Le Kirtan est à la fois un chant et une méditation, il calme l’esprit et permet ainsi au mental de s’apaiser. Le mantra alternativement écouté et chanté est une véritable vague de vibrations et de silence. On laisse en effet entre chaque chant qui peut durer de 5 à 30 minutes, un espace de silence pour que s’installent au mieux les bénéfices des ondes vibratoires que le chant vient de provoquer. Le chanteur qui lance le kirtan, appelé walla kirtan (chef de chant) peut proposer des modulations en jouant sur le rythme autant que sur la longueur du chant. Il en existe de nombreux qui répondent à des besoin divers, comme l’abondance, la prospérité et la paix, la santé, la levée des obstacles par exemple. Les intentions sont infinies et les effets transformateurs multiples.

Le bahkti yoga est un aspect très important du yoga dans ses plus pures traditions mais en occident, on le pratique rarement dans sa pleine dimension spirituelle. Même si on ne se saisit pas le sens des kirtans, des mantras chantés dans l’intention de plonger dans une dévotion intense, on pourra tout de même ressentir de façon spontanée le changement d’énergie à l’intérieur de soi. Qu’ils soient en sanskrit voire en hindi, les mantras qui ont traversé plus de des milliers d’années, agissent par leur seule sonorité, leur seule force vibratoire, la puissance spirituelle leur est constituante, elle est donc endogène au mantra lui-même.

Petit rappel sur les mantras

Un mantra est un ensemble de mots appartenant aux traditions anciennes. Il possède une grande puissance de guérison et de transformation.  Le mot mantra est composé de 2 syllabes sanskrites: man qui signifie « penser » et tra qui signifie se libérer. Composé d’une ou plusieurs syllabes, le mantra est récité en boucle en suivant une logique de cycle allant de 9 à 108 répétitions, on parle de japa. La récitation s’accompagne d’ailleurs parfois du geste de faire passer, un à un entre ses doigts, les 108 grains d’un mala (l’équivalent hindou de nos chapelets). On parle alors de japa mala.

L’origine des mantras remonte aux vedas. Ils s’inscrivent donc dans une tradition très ancienne mais ils ne sont pas uniquement présents dans les traditions hindoues ou bouddhiques puisque les mot sacrés se retrouvent dans de nombreuses civilisations anciennes. Ils ont une dimension universelle. Le nombre de mantra est impressionnant puisqu’on en compte 70 millions, 10 millions attribués à Shiva, 20 millions au soleil, 5 millions à Ganesh, 5 millions à Vishnu et 30 millions à la Mère divine, Déesse de l’énergie suprême. Tous les mantras s’unissent dans le Gatri Mantra qui fusionne avec l’immense océan Omkara. Le son du Om, le son primordial.

Swami Shivananda, un grandmaître yogi du XXème siècle décrivait ainsi le mantra : « Le mantra est le Divin (devata). C’est une force divine manifestée dans la forme du son. Le mantra est une réélection ou un souvenir éternel qui protège et libère du cycle des naissances et des morts. Le mantra est une méditation dans laquelle le Soi individuel se purifie de l’ignorance, retrouve la joie suprême et la libération finale et profite entièrement des quatre fruits (Tchatourvarga) : Dharma (la prédestination), Artha (la prospérité), Kama (la délectation) et Moksha (la libération). »

La répétition du mantra est donc un moyen de détourner le mental, de le faire taire, pour atteindre la quiétude, et plus loin un état supérieur de conscience. Et les vibrations créées par la répétition de ces phonèmes vont imprégner le corps et l’esprit et avoir des effets sur les plans mental, psychique, énergétique.

La concentration induite par la répétition d’un Mantra permet d’avancer vers des états méditatifs plus profonds. Lorsque l’on s’établit dans une posture de yoga, la répétition mentale d’un Mantra permet de la vivre différent avec davantage d’intensité et de lâcher-prise. Nous vous invitons à relire notre article sur le nada yoga, le yoga du son, pour comprendre pleinement la force des mantras et leur résonance dans le corps et l’esprit.

Le mantra équilibre le prana (énergie vitale) et le système nerveux, purifie les nadis (canaux énergétiques), renforce la concentration et la créativité. Les mantras ont la même fonction pour le mental que les asanas (postures) pour notre corps physique. « Les vibrations sonores des mantras harmonisent le flux dans les canaux énergétiques et renforcent l’intuition ». En répétant les mantras nous plaçons leurs formes énergétiques parfaites, à l’intérieur de notre conscience. Cela nous rapproche de la « Perfection Divine ».

Les mantras ont tous une signification et ils atteignent leur pleine puissance divine lorsqu’ils sont chantés ou prononcés en connaissance de leur sens.

Puisque nous nous intéressons aux mantras dans le cadre du kirtan, du chant, voici quelques exemples de mantras chantés :

  • Gayatri mantra : La Mère des Védas
  • Om Bhur Bhuva Swaha
  • Tat Savitur Varenyam
  • Bhargo Devasya Dheemahi
  • Dhiyo yonah prachodayat
  • Om, O Seigneur! Tu es la Source de Lumière omniprésente, Celui qui soutient, Celui qui protège et Celui qui dispense la Joie. Enflamme, allume et inspire notre intelligence pour que nous puissions posséder les Qualités éternelles.
  • Moola mantra : Mantra de racine
  • Om Sat Chit Ananda Parabrahma (Je salue La Vérité, la Conscience, la Béatitude comme Suprême Créateur)
  • Purushothama Paramatma (L’Energie spirituelle incarnée et la divinité présente en chaque être)
  • Sri Bhagavathi Sametha (Je souhaite m’unir avec l’aspect féminin de la création)
  • Sri Bhagavathe Namaha (Je salue l’aspect masculin de la création)
  • Mahamrityunjaya mantra : Mantra de la libération de la mort et de l’ignorance
  • Om Tryambakam Yajamahe (Méditons sur les trois yeux de la Réalité)
  • Sugandhim Pushtivardhanam (Dont le parfum imprègne tous les êtres)
  • Urvarukamiva Bandhanan (De même que le concombre mûr est détaché de sa tige)
  • Mrityor Mukshiya Maamritat (Puissions-nous être libéré de la mort de notre corps et réaliser notre nature immortelle) Ganesh mantra : Mantra de l’union entre le macrocosme et le microcosme, le divin et l’humain, représenté par Ganesh
  • Gajananam buta ganadi sevatam (Je salue Ganesh, le Divin avec la tête d’éléphant)
  • Kapitha jambu phalacharu bhakshanam (Tu es servi par des compagnons de Shiva, tu manges des pommes et des mûres sauvages)
  • Umasutam shoka vinasha karakam (Tu es le fils de la Mère Divine, Celui qui détruit les malheurs)
  • Namami vigneshvara pada pankajam (Je salue tes pieds de lotus Celui qui enlève des obstacles)
  • Asato ma Sad gamaya : Mantra de la paix
  • Asato ma sad gamaya (Conduis-moi de la non-réalité vers la réalité éternelle)
  • Tamaso ma jyotir gamaya (Conduis-moi de l’ombre vers la lumière)
  • Mrtyor ma amrtam gamaya (Conduis-moi de la mort à l’immortalité)
  • Purnamadah : Mantra de la paix
  • Purnamadah Purnamidam (La plénitude est au-delà)
  • Purnat Purnamudachyate (La plénitude est ici-bas)
  • Purnasya Purnamadaya (De la plénitude tout émane)
  • Purnameva Vashishyate (Seule la plénitude demeure)

Les mantras peuvent être prononcés, mais ils peuvent être chantés et c’est dans ce contexte qu’ils nous intéressent ici. Ne perdons pas de vue le kirtan, ce chant collectif qui trouve tout son sens dans le Bhakti yoga. Si il n’est nul besoin d’être dans une approche religieuse ou spirituelle pour s’emparer des mantras ou pratiquer le kirtan, il faut comprendre que le kirtan qui est un chant de dévotion s’insère complètement dans le bhakti yoga puisqu’il en est un des tenants. Selon le Srimad Bhagavata, un des dix huit Puranas, ces écritures sacrées qui fondent la foi dans l’hindouisme il y a neuf modalités d’expression pour exprimer cette dévotion :

  • Shravana ou satsang – Écoute des discours spirituels et chants dévotionnels
  • Kirtana – Chanter ou parler de Dieu
  • Smarana – Se souvenir de Dieu
  • Padasevana – Service « au pied des Saints »
  • Archana – Onction, rituel
  • Vandana –S’incliner devant Dieu
  • Dasya – Se comporter comme le serviteur de Dieu
  • Sakhya – Se comporter comme l’ami de Dieu
  • Atmanivedana – Sans condition, s’offrir à Dieu.

Le Bhakti Yoga -Paris, ou « yoga de la dévotion » est souvent présenté comme une voie très indienne et un peu hermétique pour les occidentaux. Et pourtant, il a une dimension universelle qui dépasse les clivages culturels, c’est la voie du cœur, de la confiance en la vie, celle de l’Amour qui relie tout.

Bhakti yoga, une des voies principales du yoga

Le mot bhakti vient de la racine bhaja (ou bhaj) qui signifie adorer, servir, aimer, être dévoué. En yoga, bhakti désigne l’état ressenti lorsque les qualités d’anahata chakra, le cœur psychique, s’expriment dans la réalité vécue. Le bhakti yoga -Paris est la voie qui permet d’atteindre cet état.

Le Bhakti Yoga est aussi ancien que le Karma Yoga ou le Raja Yoga. A vrai dire, ce sont des pratiques inséparables. Le bhakti yoga se pratique en Inde depuis le IVème siècle avant Jésus-Christ. Pour les croyants  c’est l’unique voie  pour entrer en contact avec Vishnou le protecteur du monde et Shiva, le destructeur et régénérateur.

Il existe en fait quatre voies (Raja Yoga, Bhakti Yoga, Jnana Yoga, Karma Yoga) et ces quatres voies sont des voies de réalisation de l’essence de l’être, le « Soi ». C’est le chemin à emprunter pour celui qui cherche sincèrement à trouver des réponses aux questions transcendantales. Parmi ces quatre cheminements possibles, on considère souvent que le bhakti yoga est la voie du lâcher-prise, puisque le Bhakti s’en remet complètement au Divin.

Les pratiquants du bhakti yoga cherchent à entrer en contact avec l’être suprême ou une divinité, au travers de prières ou d’un mode de vie particulier. Les pèlerinages et les poèmes chantés adressés à une divinité font aussi partie du chemin de la dévotion selon l’hindouisme.

Selon Vivekananda, un grand maître et philosophe du XIXème siècle qui fit connaître l’hindouisme au monde occidental, « en bhakti yoga, le secret essentiel est de savoir que les passions, les émotions, les sentiments divers qui sont dans le cœur humain ne sont pas blâmables en eux-mêmes. Il faut seulement les maîtriser soigneusement, et leur donner une direction de plus en plus haute jusqu’à ce qu’ils atteignent le plus haut degré d’excellence. La plus haute direction est celle qui nous conduit à Dieu.

En occident, on perd assez logiquement une part de la dévotion qui est propre à cette voie du yoga car on sort d’un contexte de traditions dont on ne peut importer que les préceptes. Le bhakti yoga devient alors la voie de la compassion, un moyen d’exprimer son amour pour sa personne et ses semblables et pour l’univers tout entier. Sans atteindre ou chercher à atteindre une quelconque entité suprême, on peut du moins atteindre une forme de paix intérieure. C’est ce qui rend d’ailleurs la description de cette pratique et de ses effets pour ceux qui suivent ce type d’enseignement difficile puisque il est ardu de spéculer sur le chemin intérieur que chacun peut parcourir. On peut cependant dire que le bhakti yoga -Paris aide à canaliser la force des désirs, apaise le mental, nous aide à gérer nos conflits intérieurs et offre une clarté dans notre vie qui facilite nos prises de décisions.

On apprend à ne rien rejeter de soi qu’il s’agisse de nos émotions, de nos sentiments divers, de nos passions car tout a une raison d’être. Il s’agit d’emprunter une voie qui tend à nous élever, à nous rapprocher d’un état de dévotion qui vise avant tout à concentrer nos émotions et notre sensibilité vers un seul point pour leur donner une dimension supérieure. On cesse de s’éparpiller et cela nous apporte une grande sérénité.

Dans la Bhagavad-Gītā, Krishna enseigne les différentes voies du Yoga à Arjuna. Il y explique entre autre le Bhakti Yoga :

« Celui qui, voué au yoga, est pur, maître de soi, tient ses sens soumis, pour qui son âme se confond avec l’âme de tous les êtres, même s’il agit, il n’est point souillé. L’adepte du yoga est fondé, en vérité, à estimer qu’il n’agit pas. Qu’il voie, qu’il entende, qu’il touche, qu’il sente, qu’il mange, qu’il marche, qu’il dorme, qu’il respire, qu’il parle, qu’il lâche ou qu’il appréhende, qu’il ouvre ou ferme les yeux : tout cela, ce sont pour lui les sens réagissant au contact des objets sensibles. Celui qui, fondant en Brahman tous les actes, agit en plein détachement, le péché ne s’attache pas à lui pas plus que l’eau à la feuille du lotus. Le corps, le manas (organe central de perception qui se superpose au cinq sens), l’esprit, les sens mêmes ainsi parfaitement dégagés, les yogins, agissant en dehors de tout attachement, travaillent à la purification intérieure. Celui qui pratique le yoga s’affranchit du fruit des actes et atteint la paix immuable ; celui qui ne la pratique pas, attaché au fruit sous la poussée du désir, demeure lié. »

Bhagavad Gita, chapitre 53

Le bhakti yoga se pratique en groupe avec un guide spirituel et repose sur l’observance de quatorze principes fondamentaux que l’on appelle aussi des marches : pratiquer d’autres formes de yoga, avoir un point de concentration, observer une certaine ouverture d’esprit, être capable de lâcher prise et d’acceptation, savoir renoncer, reconnaitre le souvenir et la révérence, avoir le respect et le souci des autres, avoir confiance dans l’infini, ne pas attendre, honorer le spirituel, pratiquer le Kirtan, travailler la pleine conscience,  suivre le guide ou maître spirituel, être honnête et dénué de prétentions.

Pour atteindre notre bhakti, il faut se débarrasser des pensées égoïstes, accepter l’idée que nous laisserons derrière nous l’ensemble de nos possessions, et c’est à cette condition que nous pourrons atteindre l’union avec Dieu, avec l’Infini.

On l’aura compris la démarche spirituelle est au coeur du bhakti yoga et s’il s’adresse à tous, il suppose cependant une pratique d’autres formes de yoga et une inclinaison à vénérer une forme divine qui nous entoure et à laquelle nous acceptons de nous connecter. C’est une démarche très personnelle, une voie essentielle pour ceux qui veulent atteindre leur paix intérieure et explorer les chemins infinis du yoga.

Un art de vivre

 

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