Après un premier épisode consacré aux principes fondateurs de l’Advaïta Védanta et un second opus sur le fonctionnement du mental, la formation de l’ego et l’illusion cosmique, dans ce troisième volet, nous allons étudier la naissance du désir, la souffrance, le but de la vie et la libération.
L’incomplétude ou la naissance du désir et de l’appartenance
Comme nous l’avons vu précédemment, il s’est produit une confusion qui a eu pour résultat d’orienter l’être humain vers une identification erronée de lui-même. L’être humain, qui auparavant savait reconnaître sa nature essentielle de Brahman, s’associe désormais au corps et au mental.
Même si l’être humain s’associe désormais au corps et au mental, en vérité, il n’est rien d’autre que le Brahman. En effet, comme rien ne se joue en dehors du Brahman, le mental est nécessairement issu du Brahman. Il possède donc le goût du Tout. Le mental a eu un aperçu de l’immortalité, de l’immobilité, de l’infini et, par nature, il cherche à retrouver cet état originel de complétude.
Le mental, constamment en manque et agité, cherche donc incessamment la Paix. Comme le mental a la conviction première qu’il est lui-même le Grand Ordinateur, il ne peut pointer que là où la paix n’est pas. Le mental regarde donc dans la mauvaise direction et l’être humain cherche l’illimité dans le limité, l’éternel dans le périssable, le Tout dans la partie, l’Absolu dans les objets du monde phénoménal. C’est ainsi qu’il tente, en vain, d’épancher sa soif à l’aide des objets du monde. Il prend, absorbe, accumule pour se sentir plein. Dès lors que le mental jette son dévolu sur un objet du monde (qu’il s’agisse d’un objet matériel ou moins tangible tel que la connaissance ou une personne), il se l’approprie. Ainsi naquirent les notions de désir et d’appartenance.
La souffrance et le lâcher-prise
La souffrance vient du fait que l’individu a oublié sa vraie nature et qu’il persiste à renforcer une identification erronée de lui-même. L’Advaïta considère que l’attachement et l’identification aux choses mobiles, changeantes, limitées, modifiables, périssables soumises aux modifications du temps et de l’espace sont les erreurs fondamentales de l’homme et l’origine de la souffrance.
Peu importe combien l’être humain accumule d’objets en provenance du monde, jamais le limité ne sera à même d’apporter l’illimité ; jamais le temps n’offrira l’immortalité ; jamais l’éternel ne se révèlera dans l’impermanent ; jamais le grand ne se trouvera dans le petit et jamais l’être humain identifié à son corps et à son mental en quête de complétude ne trouvera la plénitude dans les objets du monde. Il en résulte inévitablement insatisfaction, déception et souffrance.
Cette course à la possession de laquelle l’être humain est captif est inutile. En effet, plus il prend du monde et plus il couvre le Brahman. Pour trouver le Brahman, l’être humain doit au contraire tout laisser partir. C’est ce que l’on nomme le lâcher-prise. C’est la raison pour laquelle, la plupart des doctrines spirituelles et mystiques sont en faveur de l’ascétisme, du dénuement, de la simplicité et de la décroissance.
Malheureusement, l’ère matérialiste dans laquelle l’être humain évolue ne fait que participer au renforcement de l’identification et de l’attachement qu’il a pour le corps et le mental, l’éloignant ainsi de plus en plus de sa nature de Brahman.
But de la vie ou la libération
Selon l’Advaïta Vedanta, le but de la vie est de se souvenir de sa vraie nature.
Lorsque l’être humain réalise que, contrairement à ce qu’il a toujours cru, il n’a jamais été séparé du Brahman, il se produit alors une réunification. Cette union met fin à la dualité et à la vision fragmentée de la réalité. Cette réalisation achève l’ignorance et la souffrance. C’est ce que l’on nomme la libération.
Suite le mois prochain dans l’article : À la découverte de l’Advaïta Vedanta 4/4 – les 5 outils pour la quête de soi.
Octobre 2020, Alexandra JOY.