Encore aujourd’hui, rares sont ceux qui ont une idée, même approximative, de ce que sont les fascias. Et pourtant, ces filaments blancs d’apparence insignifiante, sont présents sur la totalité de notre corps ! « Les fascias forment un organe à part entière, estime la spécialiste Carla Stecco. Les ignorer serait comme ignorer les nerfs ou les vaisseaux sanguins ! »
Pour donner une idée de l’importance de ce tissu, le chercheur Léon Page rapporte que s’il était possible d’enlever tous les éléments tissulaires du corps à l’exception des fascias, l’apparence superficielle du corps ne serait pas grandement changée. Comme une vaste toile d’araignée, les fascias relient la tête aux pieds et la profondeur à la superficie. Ils offrent au corps une unité anatomique et fonctionnelle. Quand on regarde un squelette, on a l’impression que notre corps est d’abord composé d’os et que notre réseau musculaire se construit autour de ce squelette. Mais en réalité, si on enlève les fascias dans lesquels flottent les os, tout s’écroule ! Les fascias jouent un rôle capital dans le soutien et le maintien de la forme du corps. Mais ce n’est pas tout… loin de là ! Avant de faire la liste des fonctions principales qu’ils remplissent, voyons plus précisément à quoi ils ressemblent et de quoi ils sont faits.
Un réseau de tissus conjonctifs
Les fascias, aussi appelés tissus conjonctifs, représentent l’ensemble des tissus qui enveloppent la majorité des structures du corps : muscles, nerf, os, vaisseaux sanguins, viscères… Ils séparent et en même temps connectent toutes ces structures entre elles. Pour expliquer ce qu’est le tissu fascial à ses étudiants, Carla Stecco, professeure d’anatomie à l’université de Padoue en Italie, dissèque un pamplemousse en salle de chirurgie ! À la 13ème minute de l’excellent documentaire Fascinants fascias : les alliés secrets de notre organisme, en accès libre sur You Tube, Carla Stecco explique que les différentes structures qui séparent les quartiers et soutiennent la pulpe du fruit sont une bonne représentation des fascias qui entourent les muscles humains.
La chercheuse italienne, à l’origine d’un atlas réputé des fascias humains, a fondé ses travaux sur les dissections qui lui ont permis de mieux comprendre l’organisation de ces tissus, qui forment un véritable réseau dans l’organisme.
Toutes les enveloppes du corps constituées de tissu conjonctif, qu’elles soient denses, fines ou lâches, mais encore d’autres structures supplémentaires, sont rangées sous le terme de fascias. Chaque organe, chaque système d’organes, chaque muscle, chaque fibre musculaire, chaque ligament, chaque membrane synoviale, et même chaque cellule isolée possède une enveloppe constituée de tissus conjonctifs. Pour la plupart d’entre eux, les fascias ne possèdent pas de limites clairement définies, mais au contraire, ils s’interpénètrent, formant un continuum les uns avec les autres. Ce réseau fascial est comme une magnifique toile d’araignée humide, tridimensionnelle, cristalline et ininterrompue, faite de collagène, d’élastine et de substance extra-cellulaire.
Le collagène fait partie d’une famille de protéines dites structurales, le plus souvent présentes sous forme fibrillaire. Ces protéines ont pour fonction de conférer aux tissus une résistance mécanique à l’étirement.
Il s’agit de la protéine la plus abondante du règne animal, représentant le quart de la masse protéique des mammifères puisque présent dans les os, le cartilage, l’interstitium pulmonaire, les muscles ainsi que les parois des vaisseaux. Il est sécrété par les cellules des tissus conjonctifs.
Contrairement à l’élastine, présente aussi dans les tissus conjonctifs, le collagène est inextensible et résiste bien à la traction.
Composé à plus de 68 % d’eau, le fascia nous permet de gérer les contraintes physiques, comme la gravité ou les stress mécaniques. Lorsqu’il est dans sa forme optimale, hydraté et entretenu, il est fluide, dynamique, réactif et nous permet d’être en pleine santé.
Des fascias en bonne santé sont texturés comme du gel, humides, moelleux, glissants, et retenant l’eau comme une éponge. Ainsi plus la concentration en eau est importante, plus les fascias auront une texture gélatineuse.
En revanche, en cas de déshydratation, les tissus ne glissent plus les uns sur les autres, les fascias et les muscles ne jouent plus leur rôle d’amortisseurs, leurs qualités élastiques et de rebond sont altérés. Les fonctions neurologiques sont également touchées : on perd notre capacité à « rebondir ». Des compensations s’installent et déclenchent des douleurs diffuses, des blessures.
Une clé pour la santé
Les rôles joués par les fascias sont si importants et variés, que bon nombre de symptômes jusque-là incompris par la médecine trouvent leur origine dans un dysfonctionnement quelque part au niveau des fascias.
Maintenant que nous savons à quoi ils ressemblent et de quoi ils sont faits, voyons quelles sont ces fonctions qui en font un organe clé pour notre santé. Selon les experts qui ont participé à la rédaction du livre « Exercices pour les fascias », en voici un petit aperçu :
– Ils protègent et soutiennent le corps, en maintiennent la forme.
– Ils sont primordiaux lors de la communication entre muscles.
– Ils relient les muscles au squelette.
– Ils sont responsables de la transmission de l’énergie, de la tension et du relâchement, ainsi que du degré de l’extension lors de chaque mouvement.
– Ils approvisionnent les organes, car tous les vaisseaux, tels les artères, les veines, le système lymphatique, mais aussi les nerfs, passent par les structures des fascias.
– Ils sont importants pour la perception de son propre corps (proprioception).
– Ils font partie du système immunitaire.
– Ils influencent notre humeur et la reflètent.
– Ils sont régulateurs de l’échange thermique.
Les fascias sont très sensibles à toutes formes d’agression physique, psychologique ou biologique.
Lors d’un stress, le fascia se rétracte, se crispe et s’immobilise. Cette réaction d’adaptation est en principe réversible, mais il est fréquent que des tensions s’installent et perturbent l’équilibre général de l’organisme.Les chocs physiques et psychologiques peuvent rester « inscrits » dans le corps à notre insu. Une fragilité s’installe et permet à des pathologies plus sérieuses de se développer.
Ainsi, pour ne citer que ce symptôme, certains maux de dos jusque-là inexpliqués trouvent leur origine dans un mauvais état des fascias.
Frustrée de ne pouvoir soulager ses patients souffrant de maux de dos chroniques, Hélène Langevin, médecin clinicienne à l’Harvard Médical School, s’est intéressée aux fascias et en est devenue spécialiste. Dans son blog « My Happy Yoga », Emilie nous décrit les étonnants résultats d’une de ses expériences :
« Elle a réalisé une étude comparative des fascias de l’avant-bras. D’un côté, ses patients atteint de mal de dos chronique. De l’autre, des patients sains. Elle compare la capacité de glissement de deux couches superposées de fascias. Le résultat est très intéressant. Les fascias des patients sains ont, en moyenne, une capacité de glissement de 75 %, contre 50 % seulement pour les patients atteints de douleurs dorsales.
Il existerait donc bien un lien de cause à effet entre l’adhérence des fascias et les maux de dos. Mais lequel ? Est-ce que les maux de dos entraînent des modifications des fascias ? Est-ce l’inverse ? Est-ce que les deux hypothèses sont envisageables ?
Ce qui ressort de cette recherche, c’est en tous cas que, lorsque les patients ont mal au dos, la capacité de glissement de leur tissu conjonctif est réduite. Et ce qui est troublant, c’est de voir que le fascia étudié n’était pas celui d’où provenait la douleur (le dos) mais d’une partie du corps qui, en apparence, n’a aucun rapport (l’avant-bras). »
Un organe à entretenir
En règle générale, les fascias contractés, durcis et noués, ne changent pas de formes en l’espace de quelques heures. Nous l’avons vu, les fibres de collagène ne sont pas élastiques, et leur faire reprendre une forme adéquate demande un peu de patience.
II existe beaucoup de techniques qui agissent efficacement sur les fascias en mauvais état. Le Rolfing, une technique de massage dynamique entièrement axée sur le réseau des tissus conjonctifs, en est un bon exemple.
Mais en haut de la liste des pratiques les plus efficaces, tant pour maintenir les fascias en pleine santé que pour les soigner, nous trouvons le Yoga !
Ainsi, toujours dans le livre « Exercices pour les fascias », les auteurs expliquent que « le long maintien des positions lors de la pratique du Yoga libère les voies énergétiques bloquées, étire les muscles de même que le tissu conjonctif situé plus en profondeur.
Ce processus incite les cellules du tissu conjonctif à remplacer à leur tour l’ancien collagène par du nouveau. Le corps est ainsi mieux irrigué, et approvisionné plus efficacement en oxygène et en nutriments. C’est notamment en présence de douleurs au niveau du dos que les exercices de Yoga ont fait leurs preuves. »
Le Yoga spécialement destiné aux fascias est plutôt passif. Les séries d’exercices provenant du Yin Yoga sont parfaites pour cela.
Belle pratique à l’écoute de vos fascias !
Adepte du yoga depuis plusieurs années je cherche à prendre soin de mes fascias physiquement mais également au niveau
énergétique.
Merci
Cordialement
Myriam