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Pratyahara, la branche oubliée du yoga

En ces temps perturbés, où nous sommes submergés à longueur de journée par des vagues incessantes d’informations, d’émotions, de stimulations, de sensations… qui ne rêve d’une télécommande dotée d’un bouton STOP, qui lui donnerait le pouvoir, non seulement d’arrêter en un clic ce qu’il ne souhaite pas voir entrer dans son espace physique et psychique, mais également de tout stopper, le temps d’un instant, pour faire l’expérience du silence ?

Si cette télécommande existait, elle serait, à n’en pas douter, sur beaucoup de listes adressées au Père-Noël cette année ! Les pensées sombres, négatives et destructrices ayant atteint de tels sommets, même chez les plus jeunes jusque-là préservés, beaucoup sont prêts à tout pour faire taire ce vacarme infernal, en passant par les solutions de facilité les moins recommandées pour la santé…

La consommation d’alcool et de drogues est loin d’être une nouveauté, mais il est impressionnant de constater, pour qui habite dans une grande ville, l’ouverture d’un nombre impressionnant de boutiques de CBD, en simplement une année ! Si le cannabidiol est apparemment sans danger, le nombre de boutiques qui lui sont consacrées sont un indicateur assez clair du mal-être de notre société.

Autre indicateur de ce besoin urgent de trouver un peu de paix dans ce monde bruyant : la floraison tout aussi impressionnante de studios de yoga et l’engouement fantastique pour les pratiques yoguiques ! Leurs effets bénéfiques étant très rapidement ressentis, ce succès n’est pas la veille de s’essouffler, d’autant que le yoga a tout pour devenir l’une des solutions les plus adaptée à l’époque que nous vivons.

En effet, mieux qu’une télécommande dont les piles, le plastique et la fabrication délocalisée ne serait pas sans conséquences au niveau écologique, le yoga propose des outils garantis zéro déchets, 100 % naturels, et potentiellement bien plus puissants !

En tête de liste de ces outils arrivent les asanas, les postures, qui dans le yoga moderne mondialisé ont même fini par être associées au mot yoga, au point que pour beaucoup de pratiquants, le yoga n’est rien d’autre que cela.

Arrive ensuite le pranayama, les pratiques de contrôle du souffle, nettement moins pratiquées que les postures, mais tout de même suffisamment présentes dans le paysage yoguique pour que les pratiquants, même novice, en ait au moins entendu parler.

Pour un grand nombre de personnes, le yoga se limite à ces deux pratiques-là, asana et pranayama. C’est déjà très bien dirons-nous, car ces pratiques sont à elles seules des outils d’une puissance exceptionnelle.

Mais puisque le yoga moderne trouve sa source dans le système classique codifié par Patanjali, il serait bon de se rappeler que ce dernier parle de « huit branches » du yoga… 

En effet, et comme nous le rappellent Pierre Feuga et Tara Michaël dans leur excellent « Que-sais-je ? » consacré au yoga, « pour acquérir la domination sur l’esprit tout entier, (conscient et inconscient), il existe une méthode, celle que décrit Patanjali dans son « yoga à huit membres» (ashtanga yoga), les cinq premiers (yamaniyamaasanapranayamapratyahara) étant dits externes, et les trois derniers (dharanadhyanasamadhi) étant dits internes. »

Nous ne détaillerons pas ici chacun de ces huit membres, mais nous arrêterons sur celui qui arrive en quatrième position : pratyahara !


Qui a déjà entendu parlé de lui ?

Des huit branches du yoga, pratyahara est sûrement la moins connue.

« Combien de personnes, y compris des professeurs de yoga, peuvent définir le pratyahara ? Avez-vous déjà pris des cours de pratyahara ? Avez-vous déjà lu un livre sur le pratyahara ? Pouvez-vous nommer plusieurs techniques importantes de pratyahara ? Effectuez-vous le pratyahara dans votre pratique de yoga ? »

Ainsi interroge David Frawley dans son livre Yoga et Ayurveda, en insistant sur le fait qu’il est crucial de combler cette lacune, car le système du yoga classique ne peut fonctionner sans lui.

Dernier des cinq membres dits externes, il se situe à la frontière avec les membres supérieurs, dit internes. Selon David Frawley, « il représente la clé des aspects extérieurs et intérieurs du yoga ; il nous indique comment passer de l’un à l’autre ».

En effet, « il est impossible d’aller directement des asanas à la méditation (dhyana). Ceci demande de passer du corps à l’esprit en oubliant ce qui existe entre les deux. Afin d’effectuer cette transition, la respiration et les sens qui lient le corps à l’esprit doivent être contrôlés et développés correctement.

C’est à ce stade que le pratyahara rentre en jeux. Avec le pratyahara, nous parvenons à contrôler notre énergie vitale ainsi que nos impulsions et nous parvenons à maîtriser nos sens indisciplinés, qui sont les deux conditions pour réussir à méditer. »

De la même façon, Tara Michaël explique, toujours dans le Que sais-je ? intitulé Le Yoga, que « le palier ouvrant l’accès aux trois stades internes se nomme pratyahara, ou rétraction des sens, que la Bhagavad Gita explique ainsi (II 58): celui qui retire les sens des objets des sens, comme la tortue retire ses membres dans sa carapace, son intelligence est fermement établie dans la sagesse. »

« Il s’agit donc, continue Tara Michaël, de ramasser l’esprit en lui-même, dans sa propre substance, en déconnectant les sens des objets extérieurs. Ceux-ci continuent certes d’exister (…), mais l’intellect, détaché d’eux, se borne à les contempler directement dans leur essence (…).

Le yogin ne voit plus, n’entend plus, etc… dans l’acceptation ordinaire de ces mots, c’est-à-dire ne s’identifie plus ni à l’agent de l’expérience sensorielle, ni à son contenu. »

N’avons-nous pas là tous les effets rêvés de notre fameuse télécommande ?! Il serait donc possible, à un yogi expérimenté, de ne plus rien laisser rentrer par la porte de ses sens et, telle une tortue, de s’extraire du monde pour s’établir dans le silence de son Être ? Tiens, tiens… Voilà qui nous intéresse !
« Le terme pratyahara, explique David Frawley, se compose de deux termes sanskrits, prati et aharaAhara signifiant « nourriture » ou « tout ce que nous absorbons de l’extérieur ». Prati est une préposition signifiant « contre » ou « éloigné ». Pratyahara signifie littéralement « contrôle de ahara » ou « acquisition de la maîtrise des forces externes ». Il est comparé à une tortue repliant ses membres sous sa carapace, la carapace de la tortue étant le mental et les sens étant les membres. Ce terme est généralement traduit par « retrait des sens » ou « diriger les sens vers l’intérieur.

Dans la pensée yogique, il existe trois niveaux de ahara, ou de nourriture.

Le premier niveau concerne la nourriture physique fournissant les cinq éléments nécessaires pour nourrir le corps.

Le second niveau concerne les impressions fournissant les substances nécessaires pour nourrir le mental ; l’ouïe, le toucher, la vue, le goût et l’odorat.

Le troisième niveau de ahara concerne nos associations ; les personnes avec lesquelles nous entretenons des relations émotionnelles, qui nourrissent notre âme et nous atteignent par l’intermédiaire des gunas sattva, rajas et tamas.

Le pratyahara agit de façon double. Il implique le retrait des aliments, des impressions, et des sensations inadéquats tout en s’ouvrant simultanément aux aliments, aux impressions et aux associations adéquats.

Il nous est impossible de contrôler nos impressions mentales sans une alimentation et relations appropriées, mais l’importance première de pratyahara repose sur le contrôle des impressions sensorielles libérant le mental afin qu’il puisse se diriger vers l’intérieur.

En détachant notre conscience des impressions négatives, le pratyahara renforce le pouvoir d’immunité du mental. De même qu’un corps sain résiste aux toxines et aux éléments pathogènes, un esprit sain est en mesure d’écarter les influences sensorielles négatives qui nous entourent. »

N’est-ce pas précisément ce dont nous avons tous grand besoin en ce moment ?

En cette période de crise sanitaire où l’importance du système immunitaire n’a jamais été autant révélée, ne serait-il pas temps de développer également une forte immunité contre toutes les impressions négatives qui ne cessent de nous bombarder ?

Puisque pratyahara semble être LA branche du yoga à pratiquer sans modération pour ne pas perdre la raison, comment s’y prendre ? Quels en sont les différents outils ?

Nous répondrons à ces questions dans notre prochain article :

« Pratiquer pratyahara, la clé de la pleine santé. »

Namasté !

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