L’essor du yoga et son succès grandissant se traduit aussi par une multitude de déclinaisons de la pratique yogi dont certaines font l’objet de critiques de la part de ceux qui considèrent que le yoga ne doit pas se défaire de sa dimension spirituelle ou de ses fondamentaux en termes philosophiques même lorsque l’élève vient y chercher un bien être avant tout physique et qu’il ne s’inscrit pas dans une démarche justement spirituelle.
Le yoga Bikram qui se développe de plus en plus fait notamment partie de ces pratiques dérivées du yoga adulées par les uns et contestées par les autres. Qu’en est-il vraiment ?
La polémique
Le Bikram a été inventé par Bikram Choudhury un spécialiste indien de yoga. Guéri d’une double fracture du genou grâce au yoga en haute chaleur, il a standardisé une partie de la discipline pour créer un nouveau concept, le Yoga Bikram : quatre-vingt-dix minutes, vingt-six postures répétées deux fois, deux exercices de respiration, le tout dans une pièce chauffée à 40,6 °C.
Originaire de Calcutta il a fondé le Yoga College of India de Los Angeles, en Californie, au cours des années 1970 et breveté sa création. C’est d’ailleurs la principale polémique qui entoure le Bikram Yoga. Pour enseigner le Bikram Yoga, il faut donc disposer d’un diplôme spécifique, obtenu suite à une formation réputée coûteuse et courte.
Ce nouveau yoga a ses adeptes et sa popularité a crû quand des stars l’ont adopté à l’instar de Georges Clooney, Madonna ou bien encore les sœurs Williams.
D’aucuns considèrent que Bikram Choudhury qui a franchisé cette discipline a fait avant tout une opération Marketing qui ne correspond en rien à la tradition yoga qui voudrait que le yoga -Paris soit un héritage de connaissances ancestrales dont la dimension serait universelle. Le principe même de la franchise galvauderait littéralement l’esprit yoga.
Vous l’aurez compris, il y a donc ses adeptes et ses détracteurs à commencer par son contexte commercial.
Le Yoga Bikram qu’est-ce que c’est ?
Le Yoga Bikram change un peu les habitudes des yogis et yoginis. La tenue, pour commencer, est très différente. En raison de la forte chaleur, petit short et brassière voire bikinis pour les femmes, torse nu et boxer pour les hommes. Car, la particularité du Bikram évidemment c’est qu’on y sue énormément. Serviette éponge et grande bouteille d’eau sont de rigueur.
Autre point assez marquant, les cours de Bikram réunissent souvent beaucoup de monde et le professeur de yoga est souvent placé sur une estrade, micro devant la bouche pour donner les consignes et imposer un tempo qui donnerait presque à une bonne séance de Vinyasa un air de Yoga Nidra.
Les professeurs de yoga ne descendent pas de leur estrade et ne circulent par parmi les pratiquants pour corriger leurs erreurs. On vous prévient juste que vous ne faites pas ce que vous ne savez pas faire. Beaucoup de salles de Bikram sont équipées de miroirs censés permettre de se corriger soi-même, on vous invite à vous regarder, à fixer votre attention vers le miroir pour observer que chaque posture est bien réalisée. Elles durent une minute, ce qui contribue à en faire une activité physique intense et les enchainements sont rapides.
On est donc loin de l’intériorisation des postures à laquelle nous convie traditionnellement le yoga. Les premiers arrivés occupent donc en général le premier rang. Il y a donc dans cette pratique une dimension essentiellement physique qui rebutera tous ceux qui attendent du yoga de la subtilité et une part méditative.
Du yoga, il y a bien entendu les postures et leurs bienfaits en soi sont les mêmes. Leur enchainement est totalement codifié, selon un script écrit à l’avance que les profs récitent comme on anime une séance de training.
Forte chaleur et enchainement des postures hyper standardisé avec un décompte fréquent du professeur de yoga qui invite « à se tirer de dessus » sur les dix dernières secondes, contribuent à faire monter haut le rythme cardiaque. C’est clairement une forme de Yoga intensif, basé plus sur le dépassement des limites que sur le « respect » du corps au sens où on l’entend en général dans le yoga. Ahimsa, ne pas nuire, c’est l’un des fondamentaux, rappelons-le.
Il est donc nécessaire de s’assurer qu’on est en forme et habilité à faire ce type de yoga -Paris. Cela s’adresse à un public qui maitrise un minimum le yoga et en recherche d’un engagement physique. Si les débutants sont acceptés, il est évident qu’il est préférable d’avoir déjà pratiqué le yoga pour s’assurer que les asanas (les postures) sont bien réalisé(e)s.
Une décharge est d’ailleurs souvent signée au moment de l’inscription indiquant que l’élève s’engage à être en bonne santé. Cela n’est pas en soi un problème et de façon générale, pour faire du yoga, il faut tenir compte de ses propres limites, des éventuelles pathologies qui pourraient contrarier la pratique. Théoriquement, un professeur demandera toujours à ses élèves quels problèmes physiques ou de santé ils rencontrent pour adapter sa séance en tenant compte des observations qui lui auront été faites.
Adeptes et détracteurs
L’un des arguments avancés pour le promouvoir c’est que grâce à la chaleur qu’il utilise, les pratiquants ont une plus grande flexibilité au moment de réaliser les mouvements. Il est donc plus facile de le pratiquer et adopter ses différentes postures, ne produirait pas de douleur.
Les muscles du corps sont beaucoup plus détendus et vascularisés, ce qui fait justement augmenter leur flexibilité. En cas de blessure ou de récupération, la chaleur contribue aussi à faire diminuer la sensation de douleur. Ce fut l’argument de Bikram Choudhury pour expliquer sa propre guérison.
Pour les détracteurs, c’est justement le danger, on ne respecterait pas les limites de son propre corps que la chaleur semble en effet repousser et cela constituerait au contraire un risque supérieur de se blesser. Il n’est pas rare d’avoir des courbatures le lendemain d’une séance.
Mais après tout le runner a lui aussi des courbatures un lendemain de course.
Autre reproche, faire de l’activité physique sous chaleur intense, augmenterait les risques de coup de chaleur, de déshydratation, de difficultés à respirer, de malaise ou de perte de conscience. Il faut s’assurer de bien s’hydrater avant, durant et après l’exercice.
Les études sont unanimes pour dire que le yoga -Paris joue un rôle positif dans la santé vasculaire notamment pour limiter la progression de l’athérosclérose, qui bouche les artères et peut provoquer des attaques cardiaques mais en revanche, d’après les chercheurs, il n’est pas nécessaire de le faire dans une salle chauffée pour bénéficier des effets de la pratique. La pratique dans un environnement chauffé n’aurait aucun rôle dans la santé vasculaire, si ce n’est d’augmenter justement le risque pour des personnes fragiles au niveau cardiaque
Il importe donc de consulter son médecin pour s’assurer qu’on est habilité à pratiquer cette discipline.
L’un des autres bénéfices annoncés c’est que le yoga Bikram augmenterait la libération de toxines. L’exposition à de hautes températures permettant précisément à l’organisme de libérer des toxines plus rapidement à travers la respiration. Le poumon est un organe d’élimination (par exemple pour certains acides volatils). L’amélioration des niveaux d’oxygène sanguin et de la circulation dans nos petits vaisseaux qu’ils apportent favoriserait aussi la détoxication et le rendement de nos organes.
N’allez pas croire cependant que la transpiration participe de l’élimination des toxines. L’une des raisons premières pour lesquelles nous transpirons est de réguler notre température corporelle. Quand l’humidité produite par les glandes sudoripares s’évapore, le corps se refroidit. Le composé essentiel de la transpiration, c’est évidemment l’eau. Mais la transpiration contient aussi des traces de minéraux dont le sodium, des lactates, de l’urée, du potassium, du calcium, du magnésium, du zinc, du fer et du cuivre…Et aucun n’est considéré comme toxique. Le foie et les reins sont en revanche les vrais détoxifiants du corps. Ils filtrent les toxines et les relâchent à travers les urines et les selles. En ce sens une augmentation du rythme cardiaque active ces organes comme le fait notamment la course à pied.
Le respect
Après tout, chacun fait du yoga comme bon lui semble. Et si de nombreuses personnes se retrouvent dans cette pratique, il n’y a rien à en dire. Les éléments de cet article visent avant tout à apporter un éclairage sur une pratique qui de par le brevet qui le protège interroge une discipline millénaire qui n’appartient théoriquement à personne, et vise à préciser que les bienfaits dont témoignent ses promoteurs sont à relativiser si l’on considère qu’ils sont inhérents au yoga lui-même. Pour qui ne présente pas de risque pour cette pratique et désire suer abondamment en réalisant des postures sur l’angle du défi physique, le Hot Yoga est idéal. Mais il ne faut pas surévaluer ses bienfaits.