Le système du yoga est codifié au travers d’un chemin en huit étapes, que l’on appelle « ashtanga yoga » ou les « huit membres du yoga ».
Ce système est souvent comparé à un arbre que l’on nomme alors « l’arbre du yoga ».
Dans le premier article dédié à l’arbre du yoga, nous avons exploré les quatre premiers membres du yoga à savoir les yamas (les racines de l’arbre du yoga), les niyamas (le tronc), les asanas (les branches) et les pranayamas (les feuilles).
Dans ce deuxième opus, je vous propose de découvrir les quatre autres membres que sont pratyahara (l’écorce de l’arbre), dharana (la sève), dhyâna (les fleurs) et samadhi ( les fruits).
5. L’arbre du yoga : l’écorce
L’écorce est la couche protectrice de l’arbre. Sans son écorce, l’arbre, en proie aux maladies ainsi qu’aux attaques parasitaires, dépérit et meurt.
De la même façon, l’être humain est doté de cinq sens. Au travers de ces cinq sens, l’être humain obtient des informations sur le monde qui l’entoure. Il se prévaut ainsi des dangers potentiels qui le menacent et reste en vie. Ces sens lui permettent donc de se mouvoir au sein de la vie tout en protégeant son enveloppe physique. Sans ces sens, il serait très difficile pour l’être humain de se mouvoir sans risques au travers de la toile de la vie.
Sur l’arbre du yoga, l’écorce représente le cinquième membre de l’ashtanga yoga, celui que l’on nomme « pratyahara » ou retrait des sens.
Les sens, aussi indispensables soient-ils pour la préservation de l’être dans le monde phénoménal, sont, dans la voie spirituelle, souvent plus un frein qu’une aide.
Par essence, les sens tirent l’attention de l’être vers l’extérieur. Il en résulte que nous ne sommes plus capables d’observer les mouvements intérieurs qui nous habitent.
Pratyahara est cette pratique qui vise à utiliser l’énergie que l’être humain déploie habituellement au travers de ses sens pour observer le monde qui l’entoure, en vue cette fois-ci, de s’observer lui-même. Avec pratyahara, l’être humain devient son propre objet d’observation. Il est indispensable de faire taire les bruits qui nous parviennent au travers de nos cinq sens et d’apprendre à voir sans nos yeux, à entendre sans nos oreilles et à ressentir sans le toucher.
6. L’arbre du yoga : la sève
Au cœur de l’arbre, à l’abri des regards, circule la sève. Ce précieux jus concentre toutes les vitamines et les ressources nécessaires à la croissance de l’arbre. Cette concentration est énergie pure.
Sur l’arbre du yoga, la sève représente la concentration du mental que l’on nomme en sanskrit « dharana ». Il s’agit du sixième membre de l’ashtanga yoga.
Il faut savoir que, par nature, le mental est agité et dispersé. Dharana a pour but de rassembler le mental éparpillé. Cette concentration vise à accumuler toute l’énergie mentale en un seul et unique point. L’agrégat énergétique obtenu par le rassemblement de toute la force mentale en un même point est la véritable puissance de l’être humain. Il s’agit là de l’élixir de jouvence qui donne accès aux prémisses de la méditation.
Dharana est l’effet d’une observation orientée. Pour observer, il faut porter son attention sur un objet d’observation et faire taire tout ce qu’il y a autour (grâce à la pratique de pratyahara – cinquième membre de l’Ashtanga yoga). Cette intense concentration est ce que l’on nomme « attention ». L’attention commence dès la phase d’asanas avec l’observation rigoureuse du corps physique en situation. Puis, elle se poursuit avec les pranayamas et l’observation méthodique du souffle. Dharana est l’observation méticuleuse de ce qui se passe dans le mental. Cette concentration est intentionnelle. Elle requiert un effort de la part du sujet. Cependant, la répétition de la pratique de la concentration doit ultimement mener vers moins de concentration, moins d’effort et donc vers l’étape suivante que l’on nomme « dhyâna ».
7. L’arbre du yoga : les fleurs
La fleur est l’organe de reproduction d’un végétal. L’organe de reproduction, quel qu’il soit, recèle de l’énergie vitale et de la capacité créatrice.
Dhyâna, souvent traduit par méditation est l’énergie reproductrice transcendée de l’être humain.
Dans Dhyâna, l’observation entamée avec Dharana demeure, mais sans effort. La concentration n’est plus un exercice, mais un état naturel. Lorsque cet état est permanent, l’être humain est en « samadhi ». Ainsi, après la pollinisation, la fleur est fécondée et se transforme en fruit.
8. L’arbre du yoga : les fruits
Les fruits se veulent appétissants, gorgés de senteurs et pleins de saveurs afin que nous ayons envie de les goûter et de libérer les graines qui s’y trouvent cachées. Les fruits sont le cadeau ultime de l’arbre au monde. Ils sont le résultat de l’action de la Terre Mère, qui par un savant processus dont elle seule a le divin secret, est capable de transformer de simples éléments en nourriture. Par conséquent, les fruits sont symboles de générosité universelle, de don et d’absence d’ego. Donner c’est oublier le « je », celui-là même qui veut tout pour lui et en premier !
Il n’est donc pas surprenant de savoir que, sur l’arbre du yoga, l’étape ultime de l’ashtanga yoga que l’on connait sous le nom de « samadhi », est représenté par les fruits.
Le samadhi est le nirvana des yogis. Il s’agit de la libération du poids du monde, de l’incarnation et du mental. Le samadhi est un état dans lequel le yogi perçoit les objets et les événements hors de toute projection personnelle. Il s’agit de la liberté ABSOLUE.
Cette libération est le fruit des étapes précédentes. Elle est le résultat d’un processus au sein duquel l’être humain a, une à une, orienté ses énergies dans le sens de la libération. Chacun des choix du yogi a pavé la voie vers la libération ultime.
La libération est un fruit qui ne paraît que si le mécanisme propre à chaque membre précédent est respecté. Par conséquence, l’observance simultanée de huit directions constitue les fondements de la pratique de l’ashtanga yoga.
Alexandra JOY,
Juillet 2021
Bonjour, l’illustration montre t elle un orne?
bonjour !
j’aurais plutôt dit un tilleul mais je ne suis pas certaine 🙂
Bonjour, vous avez ci-bien résumé les principes de yoga sutra de Patanjali concernant l’ashtanga Yoga! Merci pour cela. Namaste.
merci beaucoup pour votre retour ! Je suis contente que mes explications apportent de la clarté !
OMOMOM
Alexandra
Très instructif et surtout inspirant !
Merci 🙂