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Regard Védantique sur Noël

Comme nous le savons tous, Noël est une fête chrétienne qui célèbre la naissance de Jésus de Nazareth. Si elle est dans nos sociétés une célébration à l’origine religieuse, depuis le 20e siècle, avec la création du Père Noël et la consécration des cadeaux, elle est devenue tout aussi culturelle et commerciale.

Mais, au-delà des symboles que nous lui connaissons, Noël nous offre les jalons d’une belle réflexion philosophique pour ne pas dire spirituelle. Dans les prochaines lignes, je vous propose de poser avec moi un regard védantique sur Noël.

Pour mieux comprendre les idées exposées plus bas, je vous invite à préalablement lire la série d’articles consacrés à la découverte de la philosophie de l’Advaïta Vedanta.

Noël : le récit d’une naissance

Lorsque l’on évoque Noël, nous pensons tous, et à juste titre, à la naissance. La fête de la Nativité dépeint effectivement le moment de la naissance de l’Enfant Jésus.

D’un point de vue philosophique, au-delà de la naissance du Christ, l’on peut voir l’instant où l’être jaillit et pénètre le monde phénoménal ; l’instant où l’être se met à exister et expose son corps et son esprit ; l’instant où l’idée d’incarnation (au sens strict du terme) prend toute sa signification. Plus que la naissance de l’Enfant Jésus, Noël témoigne de la parution du corps physique et du mental, de l’avènement subtil du « je ».

En outre, la naissance correspond à la séparation initiale et primordiale de l’enfant d’avec sa mère. Cette rupture passe par la scission du cordon ombilical, lien matériel qui rattache jusqu’alors l’enfant à son aïeule.

Noël peut se lire comme le passage de la fusion à la division ou comme le glissement de l’unité et à la dualité. La mère (qui est « vierge » et donc symboliquement entière et pure) représente l’Origine que l’Advaïta Vedanta connait sous la dénomination de « Brahman » ou de « Conscience Universelle ». L’enfant nouvellement né symbolise quant à lui « Jiva » cet être incarné qui, dans le processus d’évolution, a perdu la compréhension de sa nature originelle indivisible et qui, par dérive, s’identifie désormais à son corps et à son mental.

Jésus a cela de particulier que, contrairement à tous, malgré son incarnation, il se souvient encore de sa nature originelle. Il est ce que l’on nomme « Atman », une âme pure.

Noël marque le commencement d’un chemin de retour (ou involution) qui s’achève inévitablement avec la résurrection dont nous parlerons dans un prochain article.

Noël : le récit de la symbolique de l’étable et des animaux

Noël se caractérise par la naissance de l’Enfant Jésus dans une étable et de surcroît entouré d’animaux.

La tradition yogique comme la philosophie de l’Advaïta Vedanta ne cessent d’alerter sur l’importance de l’environnement et de l’entourage de l’aspirant dans sa quête spirituelle. Selon ces courants de pensée, l’environnement comme l’entourage se doivent d’être simples. L’étable est la demeure la plus humble qui soit et les animaux qui entourent le nouveau-né sont des êtres incapables de stratégies ou de calculs. De ce fait, ils représentent la pureté.

En yoga comme en Vedanta c’est ce que l’on nomme la « sangha », la compagnie ou l’entourage. L’influence de notre environnement et de notre entourage est primordiale dans ce chemin de retour à l’Origine. Car si certaines circonstances peuvent nous porter au sein de cette quête, d’autres peuvent tout autant nous en éloigner.

En outre, à la stricte opposée des idées commerciales véhiculées de nos jours au sujet de Noël, l’étable nous rappelle le caractère ascétique de la quête spirituelle. Il s’agit de ne rien posséder, de ne pas s’attacher aux objets matériels et de veiller à leur accorder la place qui leur est due au regard de leur fonction première. L’étable est un refuge et elle est utilisée ainsi. De la même façon, le corps et le mental sont des outils qui permettent à l’individu de naviguer au sein du monde phénoménal. Il est nécessaire qu’ils demeurent ces ustensiles et que l’être se garde d’y projeter son identité.

Noël : le récit de la symbolique de la mangeoire

Dans l’évangile selon Saint-Luc, il est écrit qu’« elle (la Vierge) l’emmaillota et le coucha (l’Enfant) dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune ».

Ce geste de placer l’Enfant dans la mangeoire dès sa naissance, n’est pas anodin. Pour le comprendre, il faut réaliser en quoi Jésus est si exceptionnel.

Jésus et le récit de sa naissance sont extraordinaires, avant tout parce que, malgré son incarnation, il a réussi à ne pas oublier sa nature originelle, indivisible et complète issue de la Conscience Universelle. En cela, il est l’exemple, le messager, le « Messie ». Dans cette mangeoire, il devient le symbole de la nourriture spirituelle.

Noël : le récit des trois Rois Mages

Dans l’évangile selon Saint Matthieu, trois Rois Mages venus de l’Orient se précipitent pour venir saluer le nouveau -né. En outre, ils lui apportent des cadeaux que sont l’or, la myrrhe et l’encens.

Il faut voir ces Rois Mages comme les symboles des trois pouvoirs de l’être humain que sont le corps (et donc le plan physique), le mental (le plan intellectuel) et l’âme (le plan spirituel).

Étymologiquement parlant, le terme « mage » signifie « pouvoirs » (dont on reconnait la racine dans le terme anglais « mighty »), mais aussi « plus grand », notion réaffirmée par la qualification de « rois ».

Ainsi, l’épisode des trois Rois Mages qui se présentent au nouveau-né peut se lire comme les trois pouvoirs de l’être incarné se soumettant à ce que l’on nomme en Advaïta Vedanta « l’Atman », la Conscience Individuelle Pure.

Puisque l’Atman (ou la Conscience Individuelle Pure) n’est rien d’autre que le Brahman (la Conscience Universelle), les trois Rois Mages s’abandonnent en réalité directement à celui-ci.

Les présents que les trois Rois Mages apportent au nouveau-né témoignent du fait que ces trois plans (physique, mental et spirituel) dont l’individu est le berceau se doivent d’être au service de la Conscience Universelle. Autrement dit, tous les fruits de nos efforts se doivent de lui être offerts, qu’ils soient matériels (or), mentaux (myrrhe – représentation de la médecine) ou spirituels (encens).

Noël : le récit de la Lumière

Dans la célébration qu’est Noël, la notion de lumière est très présente.

Tout d’abord, dans l’épisode même de la Nativité, l’étoile qui brille dans le ciel obscur guide les Rois Mages vers l’Enfant. Le symbolisme est clair : les trois pouvoirs qui, pris par le mental s’égarent dans l’obscurité de l’ignorance, sont guidés par la lumière de la vérité. L’Enfant Jésus, qui symbolise la Conscience Individuelle Pure (« l’Atman »), elle-même rien d’autre que la Conscience Universelle (le Brahman) représente la torche de la Connaissance portée au regard des trois plans (physique, mental et spirituel) de l’être incarné. Lorsque ces trois plans sont tournés dans la direction de cette lumière, l’être se trouve sur le chemin de retour à la Source.

Même si nous savons que la naissance de Jésus se produisit en été, nous célébrons Noël en décembre. C’est à L’Empereur Aurélien que nous devons de fêter Noël aux alentours du solstice d’hiver, c’est-à-dire à l’un des moments où l’obscurité est la plus prégnante dans l’année. L’Empereur aurait lié les récits des évangiles à ceux dépeignant la divinité solaire indo-iranienne « Mithra » dont le culte, célébré au solstice d’hiver, connait alors un essor important sous le nom de « dies natalis solis invicti » littéralement « jour de la naissance du soleil invaincu ».

Cette parution de la lumière au sein des ténèbres n’est ni plus ni moins que l’allégorie de la Victoire de la Lumière (« gu ») sur l’obscurité (« ru ») ; de la connaissance véritable (la Vérité – « vidya ») sur l’ignorance (« avidya ») et du souvenir de notre vraie nature, sur l’oubli et la confusion.

Dans la pratique physique du yoga, la Salutation au Soleil est cette nativité quotidienne. De la même façon qu’au sein de l’intense obscurité du solstice d’hiver Noël déploie sa brillance, tous les jours, la nuit laisse place au jour et le yogi, par la pratique de la Surya Namaskar, se remémore la direction de son chemin spirituel.

Noël : le récit du détachement

Comme le mental se sait intangible et impermanent, il a développé la tendance naturelle à s’agripper aux choses et à s’y attacher. Ce mécanisme lui offre une assise, une force, une réalité qui lui permettent d’exister. Cet attachement est le terreau le plus fertile de la souffrance de l’être. Noël est le récit de ce nécessaire détachement.

En ce sens Noël est tout sauf la fête de la famille telle que nous l’entendons communément. Philosophiquement parlant, Noël serait même davantage la célébration de la nécessaire solitude de l’être et de sa singularité initiale, car c’est uniquement en étant complètement seul que l’individu peut finalement parvenir à se connecter vraiment.

Je vous souhaite un joyeux Noël !

Décembre 2020, Alexandra JOY.

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