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Mieux comprendre le yoga grâce aux textes fondateurs : Les Upanishads Partie 1

Le yoga rencontre un succès grandissant et tous les pratiquants s’accordent à en reconnaitre les bienfaits. Certains se plongent dans sa dimension spirituelle, d’autres non. Pourtant connaitre l’histoire du yoga et ses origines constitue un véritable éclairage sur sa pratique et lui donne une autre dimension et on ne saurait trop conseiller de prêter un minimum d’intérêt à et aspect du yoga tant cela permettra de le percevoir avec une acuité plus forte.

Après notre article sur la Baghavad Gita, nous vous proposons à travers ce nouvel article en deux parties, de comprendre comment le yoga s’insère dans la tradition ancestrale indienne.

Nous verrons notamment toute l’importance du souffle et de la respiration et nous comprendrons d’autant mieux la part symbolique du yoga, lui donnant au-delà de tout caractère religieux, un sens plus profond que ce que notre simple pratique de « débutant » ne laisse entrevoir.

Les Upanishads, au cœur du Veda

Nous allons donc nous intéresser ici aux Upanishads et tenté de comprendre comment ces textes anciens ont une résonnance très contemporaine au-delà du yoga lui-même, notamment quant aux réponses qu’ils apportent à des questions telles que celles du sens de la vie, de notre recherche de bonheur, des savoirs accumulés et de leur utilité.

Nous avons utilisé comme source principale, les écrits d’Ysé Tardan Masquelier, une spécialiste reconnue de l’histoire de l’hindouisme, auteure d’un petit livre référence, « Les maitres des Upanishads, la sagesse qui libère ». Directrice de l’école française de yoga, elle est évidemment très bien placée pour relier les connaissances académiques avec la pratique du yoga et c’est en cela sans doute que ses travaux sont intéressants.

Les Upanishads font partie des textes fondateurs de la philosophie indienne et du yoga. Et soyons honnête, l’étude de ces textes est assez complexe, notamment à travers nos yeux occidentaux. On touche à des perceptions très fines de la culture indienne et à l’instar de la philosophie grecque qui exige une maitrise sémantique fine pour en percevoir toute l’étendue et toutes les subtilités, comprendre le sens et la portée de textes comme les Upanishads, nécessite un petit effort pour appréhender a minima leurs multiples dimensions.

Les Upanishads s’inscrivent dans le cadre général de ce qu’on appelle le Véda. L’encyclopédie Universalis donne du Veda une définition accessible. Le Veda est le nom donné dans la tradition hindoue aux plus anciens documents que l’on possède sur les religions de l’Inde et qui pourrait se traduire comme « le Savoir », « la Science ». On pourrait pour le situer, faire l’analogie avec la Bible pour le judaïsme et le christianisme. Le Veda fonctionne en principe comme un ouvrage de référence, qui a valeur normative dans tous les domaines intéressant la vie religieuse (rites, croyances) et sociale (organisation idéale de la société, éthique politique).

On date le Veda entre le XVème siècle et le VIème siècle avant notre ère. Vont lui succéder notamment avec l’essor de l’hindouisme, d’autres textes plus contemporains, comme la Baghavad Gita, les Purana, les Tantra…Mais encore aujourd’hui, on continue en Inde d’emprunter énormément à ces textes, en particulier dans le cadre des rites domestiques (mariages, funérailles…). Cet emprunt reste cependant modeste si on considère l’étendue de cette liturgie ancienne. Elle concerne toutes les activités humaines, et pour cette raison entre autres, elle est extrêmement riche et complexe. En s’y intéressant un peu, on saisit assez facilement pourquoi elle est fondatrice de la culture indienne. En particulier en ce qui concerne le yoga, puisque c’est une correspondance. L’esprit du Veda est encore conservé et la modernité des Upanishads en attestent.

Reprenons, pour situer les Upanishads, au cœur du Veda. Le Veda comporte des hymnes, contenant toutes sortes de formules sacrificielles. On citera notamment :

  • l’Atharva-Veda qui comprend des formules rituelles et magiques sous forme de chants et d’incantations ;
  • les Brâhmanas qui sont des explications rituelles du Brahman fondamental et apparaissent sous forme d’immenses textes en prose qui reviennent sur les sacrifices ;
  • les Aranayakas qui sont des « Traités forestiers », c’est-à-dire des textes qu’on emmène dans la forêt pour les réciter loin des agglomérations et qui comprennent des explications ésotériques et mystiques des mantras ;
  • et enfin, étroitement liés aux Aranyakas, les Upanishads dont les plus anciennes remontent au 9ème siècle avant notre ère et les plus récentes, se sont achevées au 3ème ou 4ème siècle avant notre ère.

Il existe 108 Upanishads, dont 10 considérées comme majeures et 98 mineures (2 sont désignées comme majeures :

  • Shvetashvatara Upanishad
  • et Kaushitaki Upanishad.

Les Upanishads principales sont sacrées, font partie de la Sruti et forment la conclusion des Vedas.

Que signifie Upanishad ?

Le terme lui-même signifierait « science des homologies », « science des correspondances » entre le « microcosme » et le « macrocosme ». Ce serait la science des correspondances secrètes entre la manière dont le sujet humain serait constitué et celle dont serait constitué le cosmos.

On doit le comprendre comme une correspondance, une connexion entre deux réalités, deux mots, deux notions. La connivence entre ces deux entités conduit à une forme d’équivalence et permet de définir une identité. On aborde là un aspect ardu de la philosophie indienne. Ysé Tardan Masquelier à laquelle on s’est beaucoup référé dans cet article, nous en nous donne un exemple qui permet de comprendre ce que sous-tend réellement une Upanishad.

Dans la tradition ancestrale du véda, on voue une vénération pour le feu. Le feu s’exprime dans deux réalités, le soleil et le feu du sacrifice qui constituent une connexion, une équivalence, mais dans le cœur, et d’un point de vue symbolique (l’ardeur, le désir…), il y a aussi le feu. Un feu qui anime l’être humain.

Or, entre ces feux extérieurs (le soleil et le feu du sacrifice) et ce feu intérieur invisible qui anime l’être humain (le feu du cœur), il y a une connexion, une parfaite correspondance et « nous » les « sages des Upanishads » nous reconnaissons là une identité.

A cet instant on a une correspondance entre l’être humain dans son feu intérieur et le cosmos, centré sur le soleil, et c’est cela qui constitue une Upanishad.

En résumé c’est une connexion entre les « Êtres » et les « Choses », le « soleil » et le « feu » par exemple. Le Sujet et l’Univers unissent le « Brahman » et « l’âtman » qui constituent l’axe central de la philosophie indienne.

Les différentes familles de Upanishads

Les Upanishads sont elles-mêmes diverses et on peut distinguer plusieurs familles :

  • Les Upanishads monistes : Il s’agit d’une quinzaine de textes qui se focalisent sur « l’Unité » de l’être et qui considère qu’il y a du « Un » en toute chose. Dès lors, plus on s’enfonce dans la diversité du réel, plus on découvre que ce réel est « Un ».
  • Il y a les Upanishads théistes qui se rattachent à des traditions religieuses diverses et dont la tête est une divinité (Vishnou, Shiva…). Les maitres peuvent avoir de la dévotion pour l’un de ces dieux, mais ils prêchent également sur l’unité fondamentale du réel. Mais c’est dans une figure divine qu’elle se révèle.
  • Il y a les celles qui relèvent de la tradition smârta, qu’on qualifie d’Upanishad traditionnelles. C’est une forme traditionnelle de dévotion hindouiste considérant à égalité les cinq divinités que sont Shiva, Vishnou, Ganesh, Surya et Devi (la Déesse) comme des représentants de Brahman.
  • Les Upanishads du yoga qui rassemblent les techniques de l’ascèse, du travail sur le corps, du travail sur le souffle et de la respiration, la méditation, la concentration. Certaines Upanishads servent ainsi encore de de base à la pratique du yoga aujourd’hui.
  • Celles relevant des ascètes médecins qui soignent à la fois le corps et l’esprit, en utilisant concrètement des médicaments, mais en sollicitant également la concentration et la méditation car ils considèrent qu’il y a un continuum entre le corps et l’esprit. Ils se situent également dans une autre forme de spiritualité.

Pour tenter d’en saisir la pleine portée et le sens véritable, on peut faire un parallèle entre la pensée des maitres des Upanishad et la position de Socrate dans sa « critique des savoirs ». Quand Socrate conclut qu’il sait qu’il ne sait pas, il rejoint là, les maîtres des Upanishads.

Face aux disciples qui sont des savants, les maîtres des Upanishads leur enseignent que s’ils en demeurent à la religion comme savoir (savoir rituel, savoir liturgique…), ils n’atteindront jamais l’être profond en eux qui est au principe d’un bonheur durable.

Un exemple d’Ysé Tardan Masquelier est là encore très parlant.

Narada un grand savant va voir un maitre réputé pour sa sagesse. Il lui explique qu’il a appris le Véda, les sciences annexes, les sciences rituelles et que pourtant il n’est pas heureux, et voudrait savoir ce qui le fera passer l’Océan des souffrances. Le maitre ne lui répond pas, il lui demande de revenir et de revenir encore, il lui demande en fait d’entamer une transformation personnelle pour être inclus dans le « grand Tout ».

Pour comprendre la finalité de cette réponse, il faut distinguer les savoirs et la Connaissance. Les savoir sont quantitatifs mais pour la quête de Soi, du bonheur dans la libération de ce qui nous entrave, c’est de « Connaissance » au singulier, au sens de la « Connaissance de l’Être profond » qui est en nous qu’il s’agit.

La véritable finalité des savoirs est gouvernée par leur utilité pour accompagner une transformation personnelle. Sinon, ils n’ont pas de sens.

Les pratiquants du yoga-Paris et très intuitivement, observent d’ailleurs rapidement que dans le yoga, il y a une invitation à cette transformation. L’attention sur le souffle et la respiration nous apporte en général un autre éclairage, une autre écoute sur notre attitude face au Monde. Notre rapport au corps, à l’alimentation, aux autres, évolue au fur et à mesure que l’on explore le yoga. Nous verrons dans la « partie 2 » pourquoi le yoga peut nous aider à mieux nous connaitre puisque réside au cœur de ses fondations, l’idée « qu’où va le souffle, va notre conscience ».

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