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Comprendre le nom sanskrit des postures

Quelle n’a pas été ma surprise lorsque lors des premiers cours de yoga auxquels je participais, le professeur guida la séance en employant des mots les plus obscurs les uns que les autres, des termes aux consonances inconnues et déroutantes ; des AdomOUkaSVAnasaNA, des EkapaDArajaKApotasana et autres PASchimoTAnaSAna auxquels je ne comprenais absolument rien !

Malgré l’invitation à fermer les yeux pendant la séance j’avoue que, subrepticement, mes globes oculaires paradaient de droite et de gauche me permettant allègrement de copier les gestes plus aguerris de mes voisins de tapis.

Après un certain temps de pratique régulière, même s’il est vrai que nous arrivons à reconnaître quelques-unes de ces appellations, pour beaucoup d’entre nous, il relève néanmoins d’un véritable effort que de se souvenir de ces mots et encore plus de comprendre leur véritable sens. Pour décortiquer les noms des postures, je vous propose un petit saut au cœur de la langue sanskrite.

A l’origine, un seul type d’asana…

À l’origine, il n’existe qu’un seul type d’asana et, comme l’indique ce terme en sanskrit qui signifie littéralement « siège », il s’agit de celui qui consiste en la posture assise, celle-là même que le yogi emprunte à des fins de méditation. Par conséquent, initialement un asana correspond ni plus ni moins à une posture assise jambes croisées.

L’évolution de l’appellation sanskrite

Lors de la méditation, il nous est possible de positionner nos jambes de plusieurs façons. Dans le but de distinguer ces différents croisements de membres, l’appellation sanskrite a évolué. Dès lors, l’idée est d’apporter une précision au terme asana déjà existant. C’est ainsi que le mot asana est devenu un suffixe auquel on ajoute préalablement une indication sur la posture.

Les noms sanskrit de postures ont la même composition

Les postures de méditation que sont respectivement les positions assises jambes en tailleur, en demi-lotus ou encore en lotus complet sont dès lors nommées « sukh-asana » (posture de non-souffrance, de bonheur et par extension posture dite « facile »), « ardha padm-asana » (ardha = demi et padma = lotus) et « padm-asana ». C’est ainsi que nous retrouvons pour chaque nom sanskrit de postures la même composition :

  • Préfixe (indication sur la posture) + suffixe (terme « asana »)
  • Préfixe (padma = lotus) + suffixe (asana = posture)
  • padmasana = posture du lotus
  • Préfixe (bala = enfant) + suffixe (asana = posture)
  • balasana = posture de l’enfant

Notons que beaucoup de mots sanskrits se terminent par la voyelle « a ». Pour des raisons phonétiques, il convient d’amuïr une partie du préfixe par la pratique de l’élision, à savoir l’effacement de la voyelle en fin de mot devant la voyelle commençant le mot suivant en l’occurrence le « a » du préfixe :

  • padma + asana = padmasana et non padmaasana
  • bala + asana = balasana et non balaasana

Si le suffixe demeure inchangé, il en est tout autrement du préfixe qui a pour rôle de donner des indications sur la position. Pour aider à la mémorisation, ces indications peuvent être classées en cinq catégories majeures. Ainsi, le préfixe correspond à un mot désignant un animal, une partie du corps ou un objet, ou encore à un nombre ou un qualificatif spatial.

Les postures représentant un animal

Un nombre important de postures vise à représenter un animal. Voici ceux que l’on reconnaît le plus souvent :

  • beka = grenouille
  • bhuja = cobra
  • kaka = corbeau
  • kapot = pigeon
  • kurma = tortue
  • kutkut = coq
  • makara = croquodile
  • matsya = poisson
  • mayura = paon
  • salabha = sauterelle
  • shima = lion
  • svana = chien
  • ustra = chameau
  • vrschik = scoprion

Les postures du corps

Le corps est au centre de la pratique physique des postures. Il est donc commun de rencontrer des appellations qui font référence à l’une de ses parties :

  • anga = membres (bras ou jambes)
  • angusta = gros orteil
  • bhuja = épaule
  • hasta = main
  • janu = genou
  • karna = oreille
  • mukha = visage
  • pada = pied
  • pincha = menton
  • sirsa = tête

Les objets

Les asanas représentent également des objets :

  • bala = enfant
  • chakra = roue
  • chandra = lune
  • danda = bâton
  • dhanu = arc
  • hala = charrue
  • kona = angle
  • nava = bateau
  • nidra = sommeil
  • padma = lotus
  • raja = royal
  • setu = pont
  • sukha = sans douleur, bonheur, facile
  • surya = soleil
  • tada = montagne
  • vrka = arbre

Les nombres

Il arrive régulièrement de voir que les noms de postures intègrent un nombre :

  • eka = un
  • dwi = deux
  • tri = trois
  • chatwari = quatre
  • ashta = huit

Enfin, les préfixes sont également le siège de qualificatifs spatiaux :

  • ardha = à demi
  • sarva = en entier
  • adho = vers le bas
  • urdhva = vers le haut
  • baddha = lié
  • parivrita = retourné
  • prasarita = écarté
  • parsva = côté
  • salamba = supporté
  • supta = allongé
  • upavishta = assis
  • uttitha = en extension
  • paschima = point cardinal ouest, arrière du corps
  • purva = point cardinal est, avant du corps

Il n’est pas rare de rencontrer des appellations qui combinent en préfixe plusieurs de ces indicateurs. Ainsi, nous retrouvons des postures telles que :

  • « trikonasana » ou la « posture du triangle »
  • « tri » = trois
  • « kona » = angle
  • « adhomukhasvanasana » ou la « posture du chien tête en bas »
  • « adho » = vers le bas
  • « mukha » = visage
  • « svana » = chien
  • « chatturangadandasana »
  • « chatwari » = quatre
  • « anga » = membres ou points (dans ce cas-ci : les deux mains et les deux pieds)
  • « danda » = bâton
  • « sarvangasana » ou la posture de la chandelle
  • « sarva » = en entier, tous
  • « anga » = membres

Même si la plupart des postures majeures possèdent une réplique imagée dans notre propre langue maternelle, lorsque nous suivons la voie classique du yoga, il est recommandé d’apprendre les noms originaux. Ceux-ci sont un puits inestimable d’informations sur l’essence de chaque posture.

Par exemple, lorsque nous pratiquons la posture dite du « papillon », nos jambes se meuvent en petits mouvements d’ailes, mais nous n’avons pas de renseignements sur la manière d’engager le corps dans l’asana. Lorsque nous savons que le papillon est en réalité nommé « badhakonasana », et que nous réalisons que « badha » signifie « lier », « lien », « connecté » (terme qui a également donné « bandha », les trois verrous du corps) et que « kona » est « l’angle », nous comprenons la nécessité d’engager nos pieds l’un contre l’autre tout autant que notre périnée et la région pelvienne, parties qu’il est aisé de négliger lorsque nous portons notre attention uniquement sur « le papillon ».

Alors sans tarder, à nos carnets, à nos stylos, à nos moyens mnémotechniques ! Ne faisons pas l’impasse de l’apprentissage des noms sanskrits des postures. Dans le même temps, armons-nous de patience, car certaines écoles considèrent que chacune des espèces de ce monde possède son avatar en posture.

Cela revient à dire qu’il existe autant de postures que d’objets sur terre. En d’autres termes, chaque objet animé ou non qui existe en ce monde possède un asana dédié. Les sages de l’Inde ancestrale racontent volontiers que, par la pratique des asanas, l’être humain transcende ces objets.

À chaque fois que le yogi maîtrise une posture, il se défait de cet objet mettant fin à sa possible réincarnation en cette catégorie d’objets. Lorsque le pratiquant maîtrise toutes les postures, il met fin aux cycles des réincarnations et se détache du monde. Lorsqu’il s’est défait du monde, il coupe peu à peu l’attachement d’avec le corps et le mental. Il se souvient de sa vraie nature et retourne à la Source. Il est libre.

Mars 2020, Alexandra Joy.

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